Scoop édito : L’abcès de l’inégalité sociale a crevé, il faut le suturer
La pauvreté et l’inégalité sociale doit nous interpeller. L’abcès cutané qui démange de l’intérieur la masse populaire a atteint aujourd’hui sa maturité. Le furoncle de la pauvreté et de l’inégalité sociale haïtienne touche à son apogée. Il a crevé et entraine le climat de l’insécurité qui devient un cancer pour le peuple haïtien sous les yeux impuissants de l’État qui fait montre d’une grande faiblesse.
L’insécurité est telle aujourd’hui que le kidnapping est devenu monnaie courante dans le milieu haïtien. Exécuter un citoyen en plein jour est un acte banal de nos jours en Haïti. À quelques encablures du palais national, les bandits armés font ce que bon leur semble. Non loin du plus grand centre de détention de la Capitale où abritent des policiers, des individus armés procèdent à l’exécution des citoyens. On assiste impuissamment à la métamorphose de Martissant et de Croix des Bouquets en zones littéralement de non droit.
L’insécurité, la pauvreté, l’inégalité sociale en Haïti n’interpellent malheureusement ni les autorités ni les producteurs. Les industriels haïtiens ne s’intéressent pas à la misère des ouvriers. Le rapport de proportionnalité du salaire des travailleurs au coût de la vie n’intéresse point les manufacturiers. Et ce, depuis la nuit des temps.
Le salaire minimum des salariés dans nos industries était de 28 gourdes, soit 4 dollars américains en 1991. 36 gourdes, l’équivalent de $ 1 US en 2003. 70 gourdes, soit 2 dollars US en 2005. 125 gourdes, $ 3 US en 2009. 240 gourdes, $ 4 US en 2015. 300 gourdes, 4.20 dollars américains en 2016. 350 gourdes, $ 4.60 US en 2017. 500 gourdes, soit $ 22. 73 US en 2022.
Les salariés ont toujours revendiqué leur droit. Mais, leur cri n’est jamais entendu. Nos ouvriers ne cessent de réclamer un salaire raisonnable. Cette semaine les employés du Parc Industriel Métropolitain de SONAPI sont sortis de leurs gonds pour exiger un salaire minimum de 1500 gourdes pour faire face au taux d’inflation qui ne cesse d’augmenter.
Depuis 1991, le taux d’inflation s’envole en Haïti. Le dollar américain ne cesse de grimper. Le coût de la vie ne cesse d’escalader, alors que le salaire des ouvriers laissent insensible les industriels. La rémunération des travailleurs n’est jamais considérée au prorata de la cherté de la vie. Les plus riches deviennent plus riches. Les plus pauvres s’appauvrirent davantage. Des années lumières séparent les plus riches des plus pauvres. L’inégalité qui devient trop criante explose comme un abcès.
L’abcès doit être suturé. Mais, avant de le suturer, il faut le suppurer. Pour suturer la plaie de l’inégalité sociale qui débouche sur l’insécurité, le kidnapping, la pauvreté, la misère, il faut investir dans la population. Il faut augmenter les revenus et les opportunités et protéger les pauvres et les vulnérables contre les chocs. « Haïti est l’un des pays les plus inégaux du monde, en termes de revenus et l’accès aux services », a fait savoir la Banque mondiale, dans un rapport publié en 2014.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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