Haïti : quatre Sénateurs préconisent un gouvernement de consensus avec M. Préval au pouvoir jusqu’au 7 février prochain pour préparer la tenue de nouvelles élections
Dans une pétition datée du 8 décembre, un groupe de quatre Sénateurs haïtiens, Jean William Jeanty, Edmonde Supplice Beauzile, Melius Hyppolite, Maxime Roumer, a estimé que la crise qui prévaut actuellement en Haïti n’était plus électorale mais politique, accusant le Président René Préval de vouloir s’accrocher au pouvoir par l’entremise de M. Jude Célestin, le candidat de ‘’INITE’’ (ndlr). Ces Sénateurs ont formulé plusieurs recommandations dont l’application de sanctions légales contre les responsables du CEP et d’INITE, la concertation nationale pour la formation immédiate d’un nouveau gouvernement avec un premier ministre de consensus, en attendant le remplacement de M. Préval, le 7 février prochain, et la mise en place les conditions nécessaires à la tenue d’élections crédibles, en vue de résoudre la crise actuelle. Nous publions in extenso la Déclaration du groupe des quatre Sénateurs.
Jean William Jeanty, Edmonde Supplice Beauzile, Mélius Hyppolite et Maxime Roumer
Comme sénateurs, nous avons pour devoir de défendre les intérêts de la République.
Nous élevons la voix dans ce chaos créé par la volonté à tout prix de M. René Préval, malgré son impopularité, de s’accrocher au pouvoir par l’entremise de M. Jude Célestin et la détermination de l’International à nous régenter sous prétexte de promouvoir la stabilité.
De quelle stabilité nous parle-t-on, quand il était prévisible que toute élection réalisée dans les conditions qui prévalaient avant le 28 novembre 2010, allait déboucher sur cette pagaille. Il est évident que les Nations-Unies, sans peut être s’en rendre compte, ont plutôt œuvré à la déstabilisation du pays en partageant et en appuyant l’agenda de M. René Préval d’organiser des élections truquées qui ont abouti à cette débâcle. A qui profite le crime ? Une cascade de provocations et de malheurs se sont abattus sur le peuple, depuis la gestion scandaleuse de la catastrophe du 12 Janvier, en passant par l’insolite épidémie de choléra et aujourd’hui la manipulation éhontée des élections du 28 Novembre. Tout se passe comme si on s’acharnait à provoquer l’exaspération et la colère de la population pour justifier la perpétuation de la présence des troupes onusiennes en Haïti. ».
Il est de notre devoir de dénoncer cette mascarade électorale que le CEP et certains secteurs de l’International veulent nous faire cautionner. En tant que sénateurs ayant pour charge de veiller à la sauvegarde de la souveraineté du pays, nous manifestons notre indignation, au nom du peuple haïtien, par rapport au comportement maladroit joué par le représentant des Nations-Unies dans le pays. Notre Constitution contient des provisions qui nous permettraient de remplacer sans casse M. Préval dont le mandat touche à sa fin, tenant compte des difficultés d’organiser quant à présent de bonnes élections.
Qu’on ne nous parle pas d’élections acceptables avec tout ce processus entaché de violations de la loi électorale, avec ces chiffres fabriqués par le CEP, après la manipulation préalable très adroite de l’opinion par certains secteurs. Qu’on ne nous parle pas de vote populaire quand tout a été fait pour empêcher à la majorité des électeurs inscrits d’exprimer leurs choix, quand des partis politiques ont été, dès le début du processus, habilement écartés de la course.
Le problème n’est plus électoral, il est politique. Par un détour dit électoral, M. René Préval cherche à imposer au pays son poulain impopulaire en fonction de ses intérêts. Et la population en a assez.
Nous préconisons la recherche immédiate d’une solution politique nationale passant par : 1) l’annulation de ces élections frauduleuses aux résultats fabriqués de part et d’autre ; 2)L’application de sanctions légales contre les responsables du CEP et d’INITE, organisateurs de cette calamité ; 3) La concertation nationale pour la formation immédiate d’un nouveau gouvernement avec un premier ministre de consensus, jouissant de la confiance de la population pour gérer le pays, en attendant le remplacement de M. Préval, le 7 février prochain, et mettre en place les conditions nécessaires à la tenue d’élections crédibles, 4) un dialogue avec l’international sur le droit du peuple haïtien à choisir en toute indépendance ses propres dirigeants.
Port-au-Prince, ce 8 décembre 2010