Haïti : L’ambassadeur Kenneth Merten quitte Port-au-Prince et appelle à des investissements privés massifs pour développer Haïti
L’ambassadeur Kenneth H. Merten en poste en Haïti depuis 2009 est arrivé en fin de mandat. Il doit quitter le pays incessamment. Ces derniers jours et comme il l’a fait dans cet entretien à radio Scoop FM, l’ambassadeur sortant a multiplié les appels à l’investissement privé, le seul moyen selon lui de sortir Haïti du marasme économique et de favoriser son développement. M. Merten insiste sur le fait que l’aide internationale ne pourra en aucun cas permettre le développement d’un pays. Il a ensuite réitéré l’engagement des Etats-Unis au côté d’Haïti.
Au terme de son mandat, l’ambassadeur Kenneth H. Merten arrivé en poste en Haïti en 2008 s’est déclaré très satisfait de ses réalisations et du soutien des Etats-Unis au peuple et au gouvernement haïtiens notamment pendant et après le tremblement de terre.
« Nous étions très présents au côté du peuple et du gouvernement haïtiens et avons travaillé ensemble pour porter les premiers secours aux victimes du terriblement tremblement de terre du 12 janvier 210 qui a ravage une bonne partie du pays et faire face aux conséquences du cataclysme. Les Etats-Unis ont apporté du soutien humanitaire, de la nourriture, de l’eau et d’un appui médical. Aujourd’hui, je suis tres fier du soutien des militaires, des civiles et du gouvernement américains dans l’aide d’urgence aux victimes du séisme et de la participation de Washington dans les efforts pour lancer la reconstruction d’Haïti », a dit M. Merten dans un entretien a radio Scoop FM.
Un processus de reconstruction assez lent qui n’inquiète pas l’ambassadeur Kenneth Merten ?
Le diplomate a rejeté la thèse de blocage des fonds promis à cet effet par les bailleurs. Il juge normal que les donateurs prennent du temps pour débloquer les fonds en raison des formalités et des procédures de décaissements qui doivent être respectés afin de garantir une certaines transparence. Mais, a assuré M. Merten, « C’est sûr que les promesses vont être honorées. Les bailleurs font donner de l’argent et réaliser des projets. Cependant il faut reconnaitre que la reconstruction du pays ne peut se faire du jour au lendemain ou dans deux ans, d’autant plus que les dégâts étaient énormes », a soutenu l’ambassadeur qui rappelle que d’autres pays sur le continent européen particulièrement frappés par des catastrophes naturelles de grande ampleur ont mis au moins une dizaine d’années pour se reconstruire.
Par ailleurs, Kenneth Merten a déploré l’absence d’un système cadastre en Haïti. Selon lui, le problème foncier auquel fait face le pays depuis de nombreux décennies rend la reconstruction nationale plus complexe et constitue un blocage au relogement des sinistrés. Aussi, il a pressé les autorités haïtiennes de mettre en place au plus vite un système cadastral. Le diplomate a également promis que les Etats-Unis vont continuer à reconstruire ou réparer des logements au profit des sinistrés du séisme comme ils l’ont déjà fait dans plusieurs quartiers de la capitale.
Les investissements privés, la pierre angulaire du développement de tout pays.
L’ambassadeur Kenneth Merten croit dur comme fer que le développement d’Haïti doit passer par des investissements privés massifs. Et, durant ses derniers jours il n’a pas manque la moindre occase pour le faire valoir et rappeler que l’aide internationale ne pourra pas faciliter le développement du pays.
A titre d’exemple, le diplomate a cite les cas de la Chine, le Taïwan, la Corée, l’Afrique du Sud, qui il y a 30 ans étaient des nations pauvres et qui grâce à des investissements privés et les efforts déployés par leur peuple et leurs dirigeants sont aujourd’hui des pays développés.
Regrettant l’absence des investissements conséquents en Haïti au cours des 50 dernières années, l’ambassadeur sortant a appelé les autorités actuelles à intensifier les efforts avec d’instaurer un environnement macro-économique sain pour attirer les entreprises estrangères en Haïti.
Dans la foulé, M. Merten s’est félicité des retombées de la loi « Hope » transformé aujourd’hui en « Help » devant faciliter l’extension des industries du textile en Haïti. « Certaines industries de la sous-traitance qui existaient avant la période de l’embargo ont été fermé et d’autres sont détruits dans le tremblement de terre. Avec la fermeture de ces factory ou qui sont transformés en dépôt de riz importés, les demandes de travail ont fortement augmenté d’où la nécessité pour les dirigeants de favoriser l’investissement privé afin de générer des emplois.
A ce titre, M. Merten a évoqué le projet de la zone franche de Caracole, dans le nord du pays. Un partenariat de la Firme SEA et des gouvernements haïtiens et américains, lequel doit permettre la création d’un parc industriel devant générer 20 mille emplois à court et à moyen terme.
L’ambassadeur Merten pense que le succès du projet de Caracol va inciter d’autres sociétés et la création de nouveaux parcs industriels dans le pays.
Les élections de 2010-2011 et le dossier de la nationalité du Président Martelly ?
L’ambassadeur sortant s’est dit fier du rôle qu’avait joué le gouvernement américain dans les élections de novembre 2010 et de mars 2011 en Haïti. Des élections entachées de fraudes, d’irrégularités et qui avaient entrainé des violentes manifestions ayant coûté la vie à des personnes.
M. Merten a souligné que les Etats-Unis comme les partenaires internationaux et haïtiens avaient participé à l’observation de ces élections et avaient conclu que les premiers résultats du scrutin ne reflétaient pas le vote de la majorité, donc il fallait les réviser.
Concernant le dossier de la nationalité du Président Michel Martelly, l’ambassadeur Merten a une nouvelle fois expliqué qu’au regard des lois de l’immigration américaine, il ne pouvait pas intervenir sans l’autorisation sans l’intéressé, ce, malgré l’instance de certains observateurs et des parlementaires.
Il a réaffirmé que « le Président Michel Martelly n’est pas américain et est un citoyen haïtien. Il avait seulement une carte de résidence qu’il a remise après son élection a la présidence de son pays ».
La question de la reconstitution de l’armée ?
Dans cet entretien à Scoop FM, l’ambassadeur sortant des Etats-Unis à Port-au-Prince a redit que Washington n’est pas disposé à financer la reconstitution de l’armée d’Haïti. Cependant, le gouvernement américain n’a pas écarté la possibilité de contribuer à la mise en place d’une force militaire pour protéger les zones frontalières et côtières, a-t-il nuancé.
« Les Etats-Unis comme tous les autres partenaires d’Haïti veulent aider le gouvernement haïtien dans ses efforts visant à établir un climat sécuritaire dans le pays. C’est dans ce sens que Washington intensifie son appui au renforcement et a la professionnalisation de la Police nationale », a déclaré l’ambassadeur Merten, ajoutant que « la meilleure façon et de préparer le départ et l’après de la Mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), c’est de renforcer la PNH. »
Il souligne par ailleurs que le gouvernement américain travaille actuellement avec le Premier ministre Laurent Lamothe et le Président Michel Martelly sur un plan pour augmenter l’effectif de la PNH afin de déployer plus de policiers dans les rues.
Enfin, l’ambassadeur Kenneth H. Merten a réaffirmé sa confiance dans le duo Martelly-Lamothe. Il dit voire en ses deux hommes [le Président Michel Martelly et le Premier ministre Laurent Lamothe] de dirigeants animés de beaucoup de volonté et très dévoués pour changer leur pays et améliorer les conditions de vie de la population haïtienne.
L’ambassadeur sortant a également remercié le peuple haïtien pour son hospitalité, de l’accueil qui lui a été réservé. Il affirme que le peuple haïtien l’a toujours fait sentir qu’il était chez lui.
« Je pars, mais je vais retourner au pays pour visiter mes amis. Je sais que le peuple haïtien est un peuple courageux qui sait et peut travailler très dur lorsque l’opportunité lui est offerte », a dit M. Merten qui croit dur comme fer qu’avec des investissements privés massifs le pays va sortir du bourbier et se développer.