Devoir de mémoire numéro 2 : le 5 décembre, par Charles Henry Backer
2012 ramène la 520e année depuis l’arrivée de Christophe Colomb dans l’Ile d’Haïti, encore appelée Quisqueya ou Bohio, de ses noms indiens. Cette ile était organisée en cinq caciquats : le Magua, le Marien, Le Xaragua, le Higuey. A la lecture du journal de bord de Christophe Colomb et des ouvrages de l’historien Moreau de St Mery, on se rend compte de la valeur des ressources naturelles de cette terre en ce temps-là. Et la France jugera que la colonie de St Domingue vaut bien davantage que « les arpents de neige du Canada ».
Le premier grand impact international des colons européens sur ce pays aura été l’esclavage des noirs d’Afrique avec malheureusement la complicité de l’Eglise. Et cela durera trois siècles. Durant trois cents ans, les esclaves ont enduré toutes sortes d’humiliations dans leurs cœurs et toutes sortes de tortures dans leurs corps, de générations en générations. L’histoire nous apprend que certains en arrivaient même à éliminer leurs enfants pour leur éviter de souffrir les mêmes vilénies où le droit à la liberté de la parole, à l’éducation, à la nourriture, au respect de la personne humaine n’existaient pas. On éliminait tout ce qui pouvait faire comprendre au nègre qu’il était un homme comme les autres et qu’il avait des droits.
Malheureusement le 5 Décembre ramène aussi l’anniversaire des attaques contre l’Université d’Etat d’Haïti en 2003. Ce fut la grande consternation dans tout le pays quand on a du constater la férocité avec laquelle des bandits à la solde de structures rétrogrades ont, au vu et au su de tous, envahi les locaux de la faculté des Sciences humaines et de l’INAGHEI pour imposer comme dans une édition revue, corrigée, et empirée, l’esclavage et l’humiliation du corps, de l’esprit et de l’intelligence.
En effet le vendredi 5 Décembre 2003, le matériel éducatif, les bibliothèques et les salles informatiques des dites facultés ont été vandalisées. Le recteur de l’Université a eu ses deux jambes cassées. On ne peut dénombrer les étudiants blessés par balles. Certains ont abandonné leurs études par crainte d’autres représailles futures, d’autres sont restés pour toujours traumatisés.