Lettre de démission de Marie Carmelle Jean Marie
L’exercice de Ministre de l’Economie et des Finances dans tout gouvernement démocratique requiert beaucoup de rigueur et d’abnégation. C’est là un rôle très ingrat mais que j’ai assumé dès le premier jour avec cœur et conviction. L’objectif assigné au Ministre de l’Economie et des Finances est de tenir le cap de la sagesse et de la constance, non pas pour restreindre l’action gouvernementale, mais pour l’inscrire dans le chemin vertueux du respect des règles prescrites, comme de la stabilité macroéconomique, qui est non seulement une condition nécessaire de la pérennité de l’action publique pour la création d’emplois, mais aussi pour restaurer l’image d’Haïti tant à l’intérieur qu’à l’extérieur aujourd’hui dégradée. Je pense pouvoir affirmer que je n’ai ménagé aucun de mes efforts comme ceux de mes équipes pour y parvenir.
Par ailleurs nous ne pouvons nous contenter de pratiques désuètes et hier sanctionnées par une évaluation conduite selon les standards internationaux de l’évaluation PEFA et qui nous classe parmi les moins vertueux des états en matière de gestion des finances publiques. C’est pourquoi j’ai tenu à poursuivre une réforme conséquente et courageuse des administrations fiscale et douanière, qu’il s’agisse des politiques, des structures, de leur organisation et de leurs pratiques. C’est pourquoi également j’ai tenu à initier une réforme de grande ampleur au niveau de la gestion des finances publiques, dans ses règles, dans ses instruments, dans ses pratiques, y compris au niveau si sensible de la transparence, notamment en matière d’allocation des fonds budgétaires comme de la passation des marchés publics.
Arrivée à ce stade, je ne peux que constater que je n’ai plus le soutien attendu sur l’ensemble de ces points. Je peux me battre contre l’adversité ou contre les aléas externes qui frappent avec régularité notre pays, mais pas contre le manque de solidarité de mes propres pairs.
C’est donc avec regret, considérant le chemin qui reste à parcourir, mais également avec le sentiment que j’ai chaque jour accompli avec honneur et respect mon devoir de ministre de la République, que je vous présente ma démission du gouvernement avec prise d’effet immédiate.
Je saisis l’occasion pour vous renouveler, Monsieur le Premier Ministre, l’assurance de ma haute considération.
Marie Carmelle Jean-Marie
Ministre