Le Courrier de Fonds-Rouge (1) : Où est la passée la solidarité des jours après le séisme?
Vendredi 10 janvier 2014, deux jours avant les grandes activités commémoratives du tremblement de terre, lors d’une cérémonie de souvenir au ministère de l’Education et la Formation professionnelle, le professeur Denis Cadeau avait lancé cette question à l’assistance : Où est passée la solidarité des jours après le séisme?
Cette question m’était également posée. Instantanément, je me suis `mis à fouiller dans ma mémoire, à la recherche de faits, de gestes civiques et humains qui étaient devenus très courants dans les premiers jours ou semaines après cette grande catastrophe
L’entraide était devenue subitement la règle dans ce Port-au-Prince où il était de coutume d’être solitaire parmi la foule. Combien de « bons samaritains » qui, avec des moyens dérisoires, ont cassé béton armé, scié des lames de fer, défait des grillages solides pour sauver des vies. Certains se sont même servis de leurs ongles.
Combiens de blessés qui ont été conduits vers un lieu de soins grâce à la diligence d’un chauffeur de camionnette ou d’un propriétaire de véhicule ? Combien de ces valeureux gens du peuple qui ont transporté des blessés dans une brouette, sur une civière improvisée ou à bras vers un centre de soins ? Des victimes auxquelles ils étaient étrangers.
Où est la passée la solidarité des jours après le séisme?
Combien d’adultes qui se sont occupés de nouveaux orphelins comme s’ils étaient leurs propres enfants ? Combien de gestes et d’actions de grandeur a-t-on vus ?
Un sachet de huit galettes de bonbons partagé entre trois personnes. Un sachet d’eau offert à celui qui en avait besoin. Quelques billets de gourdes donnés à X ou Y. Un sourire partagé. Un bonjour bien élaboré. Tout avait sens de solidarité et de partage. De l’Effort dans le mal, pour répéter Anténor Firmin, vous et moi avions appliqué la solidarité dans le malheur. Une solidarité qui a brillé malgré les actes de pillage de certains aigrefins et canailles.
Où est la passée la solidarité des jours après le séisme?
Cette question est posée à vous habitants de la cité. Avant d’y répondre, analysons-la avec pédagogie, sens de la société, du vivre-ensemble. Exerçons-nous à cette introspection collective. Exerçons-nous à la maïeutique.
Où est la passée la solidarité des jours après le séisme?
Idson Saint-Fleur
idsonsaint@gmail.com