Lettre ouverte à Sauveur Pierre ETIENNE, Coordonnateur Général de l’Organisation Peuple en Lutte (OPL)
Ré : Droit de réponse sur les ondes de Radio Kiskeya & Radio Scoop FM
Monsieur ÉTIENNE,
Au nom de la liberté de la presse, en vue du bien être de notre pays, et dans le respect de notre sincère amitié, j’exerce mon droit de réponse suite à vos interventions sur les ondes de Radio Kiskeya et Radio Scoop FM, le vendredi 30 janvier 2015 autour de la rumeur d’un projet du candidat à la candidature de l’OPL, Laurent Salvador LAMOTHE. Au micro de Kettia Marcellus, vous avez dit : « Se yon koalisyon ki monte sou kote, gen yonn ki rele Edens DESBAS, gen Jean-Junior JOSEPH tou, bagay Tout-Haïti a, hen !» dixit Sauveur Pierre ETIENNE, Radio Kiskeya, 88.5 FM
D’abord, parlons de « Bagay TOUT-HAITI a » !
«Bagay Tout-Haïti a » qui devient cauchemardesque pour les fanas de Laurent Salvador Lamothe, c’est le même qui a trouvé écho dans le prestigieux Wall Street Journal de New York dans son article du mois de mai 2014 sur la débâcle de Hillary et Bill Clinton en Haïti. En ce début de l’année 2015, les détracteurs de « Bagay Tout-Haïti a » ont peur du thème brulant (et Ô combien nécessaire !) de la reddition des comptes de l’ex-Premier Ministre. Ils refusent de parler du tsunami économique que nous laissent les 31 mois de Lamothe. Aussi, est-ce l’occasion de questionner le silence de votre parti politique qui ferme les yeux, sur les dix (10) poursuites judiciaires de Lamothe contre les journaux indépendants, dont Tout-Haïti, Haïti-Observateur, Omega News, The Sentinel, Defend-Haïti (defend.ht)? Un tel silence sur les persécutions de Lamothe contre la presse libre n’est-il pas suspect ? Ne faudrait-il pas Y voir un signe de la misère de notre démocratie ?
Pour votre information, je ne suis pas Tout-Haïti. Je contribue par mes blogs à Tout-Haïti comme je le fais d’ailleurs à d’autres espaces médiatiques: Le Matin, Le Nouvelliste, Haïti en Marche, Omega News, Haïti-Observateur, Haïti Tech News, Defend Haïti, NTS News, le site internet de Radio Caraïbes. Des extraits de mes commentaires sont reproduits dans le New York Times, Los Angeles Times, Miami Herald, Bloomberg News, Time Magazine, Reuters, Christian Science Monitor, The Village Voice. Sans oublier mes multiples suiveurs sur Twitter et Facebook friands de nouvelles de dernière heure (« Breaking News »). Il y a là de quoi inquiéter certaines personnes mal inspirées et fourvoyées par leurs conseillers ! La machine numérique sur le web des bloggeurs indépendants est en branle et roule à la vitesse de la lumière. J’entends le bruit assourdissant de vos boulets rouges médiatiques contre ce jeune ami pour lequel vous avez « des sentiments amicaux et de la haute estime ». Je sais aussi que j’ai frappé au cœur certains intérêts subtiles en disant tout haut, ce que d’autres disent tout bas. Par exemple, cette Ministre, populaire à son 6ème Cabinet qui a dit qu’elle a reçu un diplôme dans le Tourisme et Hôtellerie en République Dominicaine alors que mes informations prouvent qu’elle a menti au journal Le Matin en décembre 2012.
Si une sommité intellectuelle de votre calibre, Docteur science-poseur, Chef de parti s’enlise dans un certain laboratoire de la politicaillerie haïtienne qui veut que la diffamation devienne le sport national, par le biais du téléphone arabe, télé-djòl, que dire des plus vulnérables de notre pays ? Que dire des dérives de la démocratisation de la parole post-1986 où la diffamation attire plutôt vers le champ magnétique d’un microphone radiophonique pour débiter des décibels creux, déraisonner dans un trou noir, vacuum aux ondes sonores, parler sans réfléchir pour abêtir, détruire sans construire. Cette attaque médiatique envers moi est sans doute annonciatrice d’autres machinations inscrites dans votre théorie « Combat Electoral ». C’est aussi une façon de rester dans l’actualité. Ah, l’actualité, l’actualité ! L’essentiel, c’est d’y faire sa p’tite niche ! Formule du marketing politique. Il vaut mieux avoir une mauvaise formule de marketing que de ne pas en avoir du tout, croient certains.
Monsieur le Professeur,
Le tsunami politique que vous avez annoncé est déjà là même si vous semblez nager dans une forme de déni de la réalité (ce qui n’est pas sans rapport avec une forme de schizophrénie) qui porte à tenir des propos du genre « Chacun a son vaurien dans son camp à protéger» comme ce fut le cas du président Franklin D. Roosevelt (FDR) en 1939 : «Somoza peut être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute. »
L’intellectuel est lié par trois choses essentielles: la probité, la rectitude, la rigueur. Quand ces principes cardinaux dudit intellectuel foutent le camp, ça donne envie de bruler ses œuvres et le faire passer pour un vulgaire citoyen lambda. Reste à vous, de revoir votre cahier, à savoir vous confondez les auditeurs: «C’est le politologue qui parle… » « Non, c’est le politicien qui accuse »… « Ah oui, c’est le Coordonnateur qui communique ». Ce triptyque politologue-politicien-coordonnateur est une absurdité communicationnelle qui laisse l’auditoire confus.
Que je rappelle, aux auditeurs de Radio Kiskeya et de Radio Scoop FM que « Sauveur Pierre ETIENNE » n’est pas le citoyen lambda. C’est d’abord un franc militant, ensuite un chercheur, un académicien, un universitaire mais qui choisit de nous plonger dans la misère de l’anti-démocratie en 2015. Oui, misère, c’est le cas d’études. Feu Leslie F. Manigat écrivit : « Haïti à cet égard est, à mes yeux, tout histoire, je veux dire qu’en ce qui concerne le passé, c’est un conservatoire de nos vicissitudes variées ; en ce qui concerne le présent, c’est un laboratoire où l’on expérimente ; et en ce qui concerne le futur, c’est une combinatoire pour une stratégie opérationnelle de changement. » Etienne refuse de dire au monde que le temps du pouvoir personnel est revenu, et qu’aujourd’hui la dictature est le maitre-mot. Il rejette l’idée de despotisme à visière levée au Palais National.
Monsieur ETIENNE,
J’ai noté votre stratégie de dérouter l’audience, désinformer pour détruire, diaboliser pour exister, détourner pour avancer dans votre « Combat Electoral. »
Je prends pour exemples trois choses parmi tant d’autres :
- En 2013, vous avez dit : « L’opposition a reçu 50 millions de dollars de la République Dominicaine »
Ma réaction: L’adolescent le plus naïf ne va pas croire pareilles balourdises même sur la cour des écoliers. Je questionne la crédibilité du chercheur dans son laboratoire des observables et mesurables. La science prouve mais la fiction fait œuvre qui distraie.
- Sur les ondes de Radio Scoop FM, vous avez dit « Président Andris Riché ».
Ma réaction : Vous déroutez l’audience. Imbu du minimum de notion en droit parlementaire, vous savez mieux que le citoyen lambda, que le Sénat est caduc. Sur le total de 30 Sénateurs, il faut 16 voix pour avoir un quorum, par la formule 50% + 1. Moins de 16 présents, la nullité est évidente. Les dix (10) qui sont présents, dont trois de l’OPL sont sur mode-pause (en attente), en panne de délibération jusqu’aux prochaines élections. L’onzième qui pleurniche en exhibant sa carte de membre peut aller devant un tribunal pour faire valoir ses revendications. La 50ème Législature ne saurait avoir 10 élus sur un effectif logique de 99 députés + 30 sénateurs. C’est un non-sens de crier sur tous les toits « Président Andris Riché ». 10 élus sur 129. Imaginons un élu, Andris Riché qui se promène derrière un Exécutif despotique, pour encourager l’illusion, la niaiserie et la risibilité en s’asseyant pour les pauses-photos sans pouvoir décider, voter, légiférer, contrôler. Faites-vous exprès! Ou est-ce le militant qui nous le crache ? Relisons Montesquieu : « C’est le pouvoir qui arrête le pouvoir ». Dire « Président Riché », c’est usurper un titre. Malheureusement, la presse, et toutes ses faiblesses vous permettent de cracher pareilles inepties aux oreilles du peuple.
- « René Préval a vendu les élections de Jude Célestin pour quelques 500 millions de dollars. » dixit SPE, Radio Scoop FM
Ma réaction. Là encore, c’est une diversion malodorante. Même si c’était vrai, pourrez-vous l’indiquer dans un livre de recherches pour argumenter, attribuer la montée de Michel Joseph Martelly à une quelconque trahison de René Préval face à son dauphin, Jude Célestin.
Monsieur le Professeur,
Je vous invite à vous réveiller de votre léthargie. L’Universitaire a pour devoir d’être rigoureux, sévère, discipliné, dans son langage et son comportement. Pauvre Haïti où justifier l’injustifiable sert de nourriture à la misère de la démocratie, même de ses ardents défenseurs.
« Jean-Junior JOSEPH, de Tout-Haïti » n’est pas le problème. Il sait que la solution n’a pas été votre Laurent Salvador Lamothe pour les raisons suivantes :
- La situation économique post-Laurent Lamothe est catastrophique. Le taux de change est à 48 Gourdes pour un dollar alors que c’était à 41 Gourdes en 2011. Les couches moyennes doivent dépenser un surplus de 7 Gourdes pour toutes les transactions effectuées en dollars : billets d’avion, emplettes, frais de scolarité en République voisine. L’inflation est galopante et fait peur. Les réserves bancaires sont affaiblies. Le taux de chômage n’est pas réduit dans le secteur privé des affaires. Les tôles rouges sont partout. Le taux de croissance, d’un faux chiffre annoncé à Abidjan, Cote d’Ivoire en 2013, soit de 7,3% n’est pas prévu pour nous sortir du PMA, vers un taux de croissance durable. Voilà ce qu’il faut verser au débat. Engageons-le sur le front économique.
- Lamothe et l’instabilité politique. Nous sommes au cœur d’une crise politique. Le pays est instable. Grèves réussies. L’ordre républicain s’est effondré, car les élections devaient avoir lieu depuis le mois de novembre 2011 « sans délai ni retard ». La crise qu’on nie est là, palpable et évidente avec la complicité des intellectuels comme vous qui fusillaient Le régime avalas d’hier mais nient le « katchaboumba » d’aujourd’hui.
- Le Social ? Quid des gaspillages du fonds de Petro Caribe, face à une République Dominicaine qui a payé sa dette de 1,9 milliard de dollars sur presque 4,1 milliards de dollars alors que chez nous votre allié Laurent Salvador Lamothe n’a pas su mettre le pain sous les dents en faisant le minimum : « Primum vivere deinde philosophare » « Vivre d’abord, philosopher ensuite ». La faim, la misère n’ont pas trouvé de solutions chez votre Salvador depuis vos élucubrations, aux assises de l’Hôtel El Rancho. Oui, je redis la crise d’aujourd’hui est la conséquence directe de l’échec d’El Rancho qui a permis à l’ami de Sauveur, une rallonge de 11 mois pour jeter le pays à la trappe.
Docteur Etienne,
Je sais, pour avoir fréquenté les Universités nord-américaines aussi, que vos diplômes ne sont pas un cadeau. Je vous suggère, cet ami que vous étiez hier encore, avant vos flèches destructrices et mensongères sur les ondes de Radio Kiskeya et Radio Scoop FM, de travailler à fondamentalement redorer votre crédibilité, non pas pour vous, car vous êtes universel mais pour ceux et celles qui sont vulnérables, mais qui ont encore la soif et la curiosité d’appendre, de découvrir le monde, d’écouter votre verbe incisif. Il m’arrive aussi de penser que plus on détient de diplômes, plus on doit ressentir l’exigence d’élever les moins éduqués à son niveau.
Veuillez, recevoir, au nom de nos amitiés sincères et fidèles mes expressions les plus fraternelles et patriotiques pour l’avancement de la cause haïtienne. Je termine avec le mot de Leslie F. Manigat, dans L’appel de l’été 1980 :« Appel à la jeunesse haïtienne, pour qu’elle retrouve sa fougue audacieuse et sa témérité indomptable à l’appel de la liberté ». Oui, liberté, en effet vive cette liberté chère à nous, en tant que peuple!
Patriotiquement vôtre,
Jean-Junior JOSEPH
Bloggeur
Twitter: @jeanjuniorj
Le 1er février 2015