Lévi-Strauss est décédé : la disparition d’un géant
L’ethnologue français est décédé vendredi 30 octobre, a-t-on appris auprès des éditions Plon. Il avait fêté ses 100 ans le 28 novembre dernier. Claude Lévi-Strauss a marqué d’une empreinte indélébile l’anthropologie moderne.
Avec la mort à l’âge de 100 ans de Claude-Lévi Strauss, c’est un des derniers grands témoins du XXe siècle qui disparait. Né en 1908, à Bruxelles, il a en effet été confronté à tous les événements majeurs du siècle écoulé et participer aux principales aventures intellectuelles qui l’ont notamment amené à jeter les bases de l’anthropologie moderne.
Lévi-Strauss est considéré comme le père du Structuralisme qu’il a défini dans ce qui reste aujourd’hui encore comme son ouvrage le plus important, Tristes Tropiques (1955), une référence pour les chercheurs et même un classique de la littérature française puisque ce livre en partie autobiographique est entré dans la Pléiade au printemps 2008, au même titre que six autres ouvrages qui constituent la base de sa pensée.
C’est pourtant par la philosophie qu’il commence. Le petit-fils du musicien Isaac Strauss enseignera même cette matière pendant deux ans jusqu’en 1935, année où, à l’âge de 27 ans, il s’envole pour le Brésil. Choix qui se révélera déterminant pour le jeune agrégé de philosophie puisque c’est à cette époque qu’il entame ses premières missions ethnographiques auprès des populations indiennes du Mato Grosso et de l’Amazonie, introduisant de fait l’enquête directe sur le terrain. Tandis qu’en Europe, se font entendre les premiers bruits de botte, le Français d’origine juive décide finalement d’explorer toutes ces cultures dites primitives, en clair de tourner le dos à l’Occident, responsable de tant de génocides.
A son retour des Etats-Unis, où il a trouvé refuge durant la Seconde Guerre mondiale comme nombre d’intellectuels français, il est dès 1949 nommé sous-directeur du Musée de l’Homme de Paris. Dès lors ce ne seront que postes honorifiques, prix multiples et divers, récompenses de tous ordres.
En 1973, il devient même le premier ethnologue élu à l’Académie Française. De fait, outre la trentaine d’ouvrages qu’il laisse (Les Structures élémentaires de la pensée, 1949 ; Anthropologie structurale, 1958 ; Mythologiques, 4 volumes de 1964 à 1971), il a largement contribué à donner à l’ethnologie une place de premier plan parmi les sciences humaines, influençant ainsi des générations de chercheurs.
Il a été l’un des rares auteurs à entrer de son vivant dans la Pléiade, c’était en 2008, deux ans après avoir vu l’ouverture du musée du Quai Branly dédié aux arts premiers. Une autre forme de consécration pour un homme qui, même auréolé de toute la reconnaissance que l’on sait, est demeuré d’une exquise discrétion. N’est-ce pas lui qui disait « ne s’intéresser qu’à ce qui n’existe plus ». Ce qui ne manque pas d’ironie de la part d’un ethnologue qui nous aura ouvert les yeux sur tout un monde.
Source :RFI