Migration haïtienne au Brésil : Entre Résidence permanente et difficultés de trouver du travail
La situation économique des immigrants haïtiens qui essaient de faire une nouvelle vie au Brésil se complique. Certains d’entre eux comptent retourner dans leur pays ou chercher d’autres destinations, rapporte le journal brésilien Folha, le 11 novembre 2015.
Bon nombre d’immigrants, en particulier des ressortissants haïtiens et africains, cherchent du travail dans la construction au Brésil. Pourtant, selon le Registre Général des Employés et des sans-emplois(CAGED), il y a une perte dans ce secteur estimé à environ 385000 emplois formels pendant l’année 2015. Ce qui représente plus d’un tiers de tous les emplois perdus au cours de cette année.
Cette régression n’est pas sans conséquences sur la situation des migrants haïtiens au pays de Dilma Rousseff.
Vilner Guervil, un ressortissant haïtien de 44 ans a perdu son emploi depuis septembre 2014. Au mois d’août 2014, il avait été victime d’une attaque armée perpétrée contre un groupe d’immigrants dans un cyber-café de la région centrale de São Paulo.
Vivant toujours avec la balle logée dans la hanche, Vilner Guervil déclare que la haine manifestée par certains Brésiliens à l’encontre de la population migrante haïtienne au Brésil et le chômage qui y règne provoquent chez lui le désir de quitter ce pays.
La situation de Pierre, 42 ans, un autre migrant haïtien qui vit depuis sept ans au Brésil, n’est pas différente. Electricien de profession, il a perdu son travail et se trouve en difficulté de trouver un autre. Il entend retourner dans son pays d’origine si cette situation reste la même.
« Mon objectif est de retourner en Haïti en Janvier 2016 afin de trouver d’autres moyens pour aller à Miami là où vivent certains de mes proches. », indique Pierre.
D’autres migrants haïtiens, quoique trouvant du travail, manifestent la volonté d’aller à la recherche de meilleures opportunités dans d’autres pays. Ils estiment que leur salaire ne leur permet pas de vivre normalement sur le territoire brésilien. C’est le cas du soudeur Joseph Lévitique, 30 ans. Il se plaint de ne pas pouvoir envoyer assez d’argent à sa famille en Haïti, car il ne reçoit que 1000 Réals par mois.
Selon Marcelo Haydu, l’un des fondateurs de l’Institut de l’intégration des réfugiés, la diminution des emplois dans plusieurs entreprises brésiliennes rend plus difficile l’accès au marché du travail à des étrangers. Cela provoque actuellement une grande concurrence entre les postulants brésiliens et les étrangers pour les postes vacants.
Parallèlement, le gouvernement Brésilien vient d’annoncer, le 11 novembre 2015, la signature d’un acte qui octroie la résidence permanente à 43781 immigrants haïtiens. Cette décision, selon les autorités brésiliennes, permettra aux ressortissants haïtiens d’avoir de nouvelles possibilités d’emploi et de pouvoir bénéficier des programmes d’aide sociale.
Rappelons que lors d’une visite au journal haïtien « Le Nouvelliste », le 7 octobre 2015, l’ambassadeur brésilien en Haïti, Fernando Vital, avait déclaré, que » les portes de son pays restent grandes ouvertes pour recevoir les Haïtiens qui désirent s’y immigrer. Qu’ils y arrivent avec leur visa légal ou se présentent sur la frontière brésilienne sans leurs papiers, ils seront accueillis, intégrés et accompagnés dans leur recherche d’emploi, a martelé le diplomate.