Haïti/Société : L’Eglise Catholique préoccupée par la ‘’dérive sociopolitique d’Haïti
Les dirigeants de l’Eglise catholique d’Haïti réaffirment leur engagement d’accompagner le peuple haïtien dans sa marche difficile et de poursuivre son engagement à ses côtés, plus particulièrement auprès des plus pauvres, à l’occasion de la Noël.
Dans son message de Noël 2009 rendu public le mercredi 16 décembre 2009 au terme de son assemblée ordinaire, la Conférence épiscopale d’Haïti (CEH) estime alarmante et préoccupante la situation actuelle d’Haïti et s’est dit fortement préoccupée par la ‘’dérive sociopolitique’’ de ce petit pays de la Caraïbe.
Sur le plan politique notamment, la CEH a mis en question la multiplication des partis et/ou regroupement des partis politiques qui sont circonstanciels.
« Nous ne sommes pas en présence de véritables partis politiques, organisés, pour prendre en mains la gestion de la chose publique », écrivent les dirigeants de l’Eglise catholique qui croient assister plutôt à l’émergence de regroupements de circonstance.
La Conférence des Evêques haïtiens souligne également comme pour faire référence aux prochaines compétions législatives de 2010 dans le pays que l’un des passages obligés vers le mieux être du peuple haïtien est la tenue d’élections où chacun puisse exprimer ses choix. « Il importe, à cet égard, que celui ou celle qui se porte candidat et sollicite le suffrage des électeurs offre la garantie morale nécessaire, d’honnêteté, de compétence et de probité.»
Apres s’être interrogée perplexe sur la gouvernance et la souveraineté de la nation, la Conférence épiscopale a réclamé « respect pour Haïti ».
« Nous marchons, à coup sûr, vers le renforcement des institutions et des valeurs, si nous ne nous ressaisissons pas. Si les conditions d’une prise en charge de nos responsabilités ne sont pas réunies, à savoir, la crédibilité, la compétence et la solidarité, nous ne pourrons pas être agents et protagonistes de progrès », poursuit la CEH qui face à ce constat s’est référée à un passage biblique (Luc 3, 1-6) pour appeler la population à se préparer à une conversion sincère et profonde à l’occasion de la Noël considérée par les catholiques comme la marque de l’alliance retrouvée entre Dieu et l’Homme et la réconciliation.
Sur le plan social, l’Eglise catholique dit assister à une véritable dégradation de la qualité de la vie. Elle croit que la famille est banalisée. Les valeurs sont foulées au pied et se perdent tandis que les enfants sont éduqués dans un environnement de méfiance et de mensonge.
La Conférence épiscopale a aussi tiré la sonnette d’alarme sur la perte de l’identité nationale qui, selon elle, est de plus en plus visible. En outre, elle fait remarquer qu’en dépit d’un recul sporadique, l’insécurité et la peur sont devenues une arme d’intimidation et de manipulation alors que la corruption gangrène nos institutions.
« Haïti ne doit pas mourir, Haïti ne mourra pas, Haïti vivra. Mais pour cela, il faut un vrai engagement de tous ses fils et filles, leur abnégation, leur patriotisme et la bonne gouvernance de ses dirigeants », préconisent les responsables de l’Eglise catholique.
Enfin, la Conférence épiscopale fait remarquer qu’Haïti n’est pas une terre de désolation et de désespérance. Elle renferme des richesses qui n’attendent que d’être mises en valeur pour le plus grand bien de son peuple.