PHILIBERT PARNASSE est le doyen des Français
Philibert Parnasse, né le 6 mai 1901, est le plus âgé de tous les Guadeloupéens et le doyen des Français. Rencontre.
Félix Maximilien Rostaing, doyen des Français, est décédé le 31 décembre à Capbreton, dans les Landes, à l’âge de 109 ans. Depuis cette date, Philibert Parnasse, Guadeloupéen né à Baillif le 6 mai 1901, est l’homme le plus âgé du pays. Un homme qui ne marche plus et a perdu la vue, mais qui a gardé intact son sens de l’humour et de l’hospitalité. C’est avec une joie bien visible que notre centenaire a reçu, hier, la visite du président de la Région, Victorin Lurel. L’élu a remis à son aîné un diplôme d’honneur, qui rejoindra certainement les photographies de toute une vie épinglées aux murs de sa maison.
La doyenne des Français, Eugénie Blanchard, est également antillaise. Âgée de 113 ans, elle réside sur l’île de Saint-Barthélemy. « Elle parle très bien d’ailleurs » , précisait, hier après-midi, Philibert Parnasse, transformé en vedette le temps d’un après-midi, sous l’oeil amusé de membres de sa famille, pas peu fière. Caméras et appareils photos étaient de la partie, pour immortaliser l’instant.
Les moments de ce type sont précieux pour M. Parnasse. La vie n’est plus si amusante à 108 ans. Entre deux plaisanteries, il raconte qu’il aimerait tirer sa révérence tout de même, parce qu’il a bien mal au bras. Qu’il n’est plus autonome. Pas facile à accepter pour un homme autrefois tellement beau et élégant, si l’on en croit ses deux enfants et vingt petits-enfants. Le portrait d’un vaillant jeune homme accroché au mur parle de lui-même. Mais le bon Dieu n’est pas encore prêt, s’amuse « Bèbè » . La maison de Saint-Pierre est pleine et il lui faudra en construire une autre avant de l’appeler auprès de lui.
Un papa de la vieille école
En parlant du bon Dieu, le vieil homme, croyant, regrette bien de ne plus pouvoir aller à la messe. Comme avant, à la cathédrale de Basse-Terre. Lorsqu’il entend les cloches, il s’empresse souvent de hausser le ton pour que ses petits-enfants prennent le chemin de l’église. « Il est resté autoritaire! » , lance sa petite-fille Arlette dans un sourire tendre.
Un papa de la vieille école, ce monsieur Philibert, qui n’aura usé son pantalon sur les bancs de la classe que pendant trois ou quatre années. Il a toujours travaillé de ses mains : maçon, concasseur, charpentier, agriculteur. Aujourd’hui il fait travailler son esprit. Il parle en métaphores et enchaîne les bonnes blagues. Il vient d’une époque où, dit-il, pour séduire une demoiselle, il fallait avoir une charrette et plusieurs dizaines de boîtes de crabe.
« Son plus beau souvenir ? » , lui demande-t-on hier : « Je pourrais le raconter s’il n’y avait que des hommes » , s’empresse-t-il de répondre en riant. La conversation se poursuit et, quelques minutes plus tard, un moment de sa vie lui revient à l’esprit. Il retrouve son sérieux. Va chercher dans sa mémoire, et raconte. Il ne récitera pas la manière dont il a échappé à la guerre, sa première voiture, l’électricité, l’arrivée de l’eau courante ou de la télévision. Il ne s’attardera pas sur un mariage, une naissance, un trophée ou sur un autre de ces grands moments qui marquent une vie. Il expliquera comment, dans sa jeunesse, alors qu’il tentait de féconder de la vanille, il finit par y arriver simplement en utilisant ses ongles et un peu de patience.
France-Antilles Guadeloupe