Haïti-Labadie: croisière de luxe à quelques kilomètres du centre du séisme
La compagnie, basée en Floride, vend un tableau pittoresque de la péninsule et de ses plages, afin de s’évader en complète tranquillité: sports aquatiques, barbecues. «La sécurité est garantie par des gardes de sécurité»
La décision de s’y rendre a divisé les passagers… Les bateaux transportent des réserves de nourriture et l’équipe de la croisière a plaidé en faveur de dons aux Haïtiens. Mais la plupart des clients resteront à bord lors de l’arrivée au port.
Scrupules
«Je ne me vois pas prendre un bain de soleil sur la plage, jouer dans l’eau, faire des grillades et boire des cocktails, tandis qu’à Port-au-Prince des milliers de morts s’entassent dans les rues, les survivants choqués et en recherche de nourriture et d’eau», souligne un passager.
«C’était déjà assez dur de s’asseoir pour un pic-nique à Labadee avant le séisme, juste en sachant combien d’Haïtiens mouraient de faim», ajoute un autre qui a pourtant choisi de faire cette croisière. «Je ne peux pas imaginer aller y avaler un hamburger maintenant».
Certains vacanciers craignent de voir leur embarcation assaillie par des affamés; d’autres n’ont pas l’intention de renoncer à leur croisière de luxe pour un tremblement de terre: «Je serai à [Labadee] mardi, et j’ai bien l’intention de profiter des excursions comme du temps passé sur la plage.»
Parmi les responsables de la croisière, certains soulignent que les revenus liés à ce tourisme sont plus nécessaires que jamais («nous ne pouvons abandonner Haïti au moment où ils ont le plus besoin de nous»). D’autres avancent que les bateaux peuvent aussi être utiles au transport de différentes resources.
Pour les passagers en manque de sensations fortes, ils pourront toujours aller aider les blessés et s’offrir ce «tourisme» d’un nouveau genre que Slate décrivait il y a quelques semaines, dévoilant «la volonté de ces amateurs de «sensations fortes mais pas trop» qui trouvent un moyen un peu pathétique de s’offrir une parenthèse de frissons encadrés avec l’assurance en bout de course de reprendre tranquillement leurs petites vies rangées. (…)