Haïti débat/ Le président et le prochain gouvernement : Les enjeux du choix du futur premier ministre
Le paysage politique dresse un tableau inquiétant pour la suite de cette année 2019. La conjoncture n’est pas du tout de bon augure. Le président de la République vient de nommer premier ministre ai, en l’occurrence Jean Michel Lapin, pour liquider les affaires courantes, en remplacement à Monsieur Céant censuré par la chambre basse. Sur le plan constitutionnel, le PM par intérim a un mandat de 30 jours.
Durant ces trente jours, on n’aura pas le temps de monter un nouveau gouvernement qui devra être entérinée par les deux branches du parlement. Dans cette optique, Monsieur Lapin aura la possibilité de tenir les rênes de la primature au-delà d’un mois. Les prescrits de la constitution ne seront pas respectés. Le processus de désignation du premier ministre va être traînée en longueur pour la simple bonne raison que Jovenel Moise dont son départ est tant réclamé par l’aile dure de l’opposition va devoir composer avec ses frondeurs.
Pourtant, la population est dans une situation d’extrême urgence. Selon le rapport de l’IHSI, le taux d’inflation est passé à 17 %, ce qui n’était jamais arrivé avant. Le mandat des députés arrivera à terme, le 2eme lundi du mois de septembre de cette année en cours. Si le prochain gouvernement n’est pas formé le plus rapidement possible pour pouvoir agir sur les problèmes de fond qui bouleversent la population et pour réaliser les élections entre les mois d’octobre et décembre, la chambre des députés risque de se faire dissoudre. Plus que le Sénat, l’enjeu sera de taille à la chambre basse.
Le président de la République qui revient rassuré des États-Unis du mini-sommet avec Donald Trump doit mettre les bouchées doubles. Le chef de l’État doit profiter de ce soutien de Washington pour s’ouvrir à l’opposition et pour pouvoir respecter les échéances de cette année. Il n’a pas à se trainer dans le processus de désignation du nom de son futur premier ministre. Comment devrait-il faire ce choix ?
Pour ne pas perdre de temps, le choix va se faire dans le sens des intérêts, d’abord des députés qui sont presqu’au terme de leur mandat, ensuite des membres de l’opposition qui pèsent dans la balance et enfin des sénateurs devant lesquels le PM désigné doit se présenter. Le choix ne va pas se faire suivant les intérêts de la population.
« Si le président a fait le choix de l’un de ses proches pour remplacer Jean Henry Céant, il n’a plus besoin de parler de négociation », a indiqué Gary pierre Paul Charles, soulignant à l’opposition que le renversement du Jovenel Moise ne peut en aucun cas être une victoire pour la population, dans le contexte actuel du pays. Selon lui, la chute du chef de l’État plongera le pays dans une pire situation.
Si le président fait le choix d’un de ses proches, ajoute le journaliste sénior, lors de la retransmission de l’émission Haïti/ débat de la Radio Scoop, du mardi 25 mars, même si cette personne obtiendra la confirmation du Sénat et de la Chambre Basse, son gouvernement n’aura pas de résultat sur le plan politique et économique. Le président doit poser des actions qui inspirent confiance en agissant sur les problèmes de la contrebande et la question du salaire minimum des ouvriers.
Le directeur de la Radio Télé Scoop croit que quelle que soit la personne qui sera désignée, elle aura des difficultés pour se faire ratifier par les députés si leur réélection n’est pas garantie. De son point de vue, les députés espèrent trouver des opportunités dans le prochain gouvernement pour pouvoir rester en vie.
« Je suis favorable à l’idée que le président doit faire choix d’un de ses proches, mais cette personne doit être en mesure aussi de parler à tous », exhorte le politologue Ené Val, avant d’enchainer que les acteurs devraient s’ériger en hommes et femmes d’État pour sortir le pays du bourbier dans lequel il se trouve.
Campane Joseph, de son côté, exige que le président fasse le choix dans le sens des intérêts de la nation. Il l’invite à ne pas s’attarder dans ce processus de désignation s’il a déjà jeté son dévolu sur quelqu’un.
« J’aimerais que le président fasse le choix d’une femme. Il doit faire le choix d’un personnage de respect au regard des membres de l’opposition », suggère Présimon Jean, pour qui le chef de l’État ne fera pas le choix d’une personne en qui il n’a pas confiance. Selon lui, Jovenel Moise préfèrerait de perdre tous les autres postes ministériels au lieu de choisir une personne dans laquelle il n’a pas confiance.
Mozard Lombard,
Communicateur Social, Journaliste,
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