Haïti débat / la précarité dans les quartiers populaires : Le climat d’insécurité ne va pas être dissous avec le banditisme d’État
Nous n’avions pas une culture de massacre en Haïti. Toutefois, nous reconnaissons qu’au cours de notre histoire, nous avons déjà expérimenté sporadiquement des hécatombes ; mais, le plus souvent, dans des périodes précises, comme dans des contextes électoraux. Il est important de s’inspirer de l’étranger. Mais, il n’est pas nécessaire de reproduire les mauvaises pratiques des djihadistes, des terroristes d’Al-Qaïda.
Avec le carnage perpétré, en milieu de la semaine écoulée, à l’impasse Eddy à Carrefour Feuille, nous venons de vivre une situation spéciale, par rapport à nous-mêmes. Aujourd’hui, nous constatons péniblement et passivement, le massacre, la recrudescence de l’insécurité dans les quartiers populaires. Cette situation devait nous interpeler.
Cette insécurité grandissante observée ces jours-ci dans plusieurs régions du pays s’ajoute au processus de notre déshumanisation. Nous vivons dans un pays où nos droits les plus élémentaires ne sont pas respectés. Or, ce sont les droits qui nous définissent. Si nous sommes humains, nous le sommes que par les droits. On ne peut pas concevoir un être humain sans, entres autres, le respect des droits à la santé, à la nourriture, au logement, à l’éducation.
Privés de nos droits fondamentaux, nous sommes en train de nous faire violer, aujourd’hui, notre droit à l’existence. Nous vivons dans un pays où l’on ne respecte pas le droit à la vie des citoyens. N’importe qui, à n’importe quel moment, n’importe où, peut décider, à sa guise, de notre vie et de notre mort. Comme dit l’autre, nous marchons à l’ombre de la mort.
Ce climat d’insécurité ne va pas être dissous avec le banditisme d’État dévoilé dans le pays. Au lieu, d’appréhender les bandits, nos élus composent avec les malfrats. Les dirigeants haïtiens ne manifestent pas vraiment de la volonté pour assurer la sécurité de la population. La situation que nous avons maintenant ne demande pas que les citoyens restent passifs.
« Ce que le président devait comprendre, ceux qui recourent à la violence dans les quartiers populaires sont aussi importants que le projet du barrage de Marion », a déclaré Présimon Jean, lors de la retransmission de l’émission Haïti débat de la Radio Télé scoop du vendredi 26 avril 2019. L’analyste politique, Présimon Jean, a fait cette considération, pour dénoncer la politique volontariste à l’aveuglette de Jovenel Moise. Le linguiste a fait mention de la violence dans les quartiers populaires pour démontrer aussi que nos dirigeants ne s’intéressent pas aux facteurs qui en sont à l’origine. Les causes sont là. Nous n’y arrivons pas par hasard. Le problème du pays, c’est, entre autres, la promiscuité, la faim, la misère dans les quartiers populaires, la faiblesse de l’État.
« L’État ne deviendra fort qu’avec le changement de comportement de nos citoyens. Il ne deviendra fort que si nous nous consentons à mettre en application nos valeurs. Dans le cas contraire, il s’affaiblira de plus en plus », nous dit le politologue Ené Val.
Mozard Lombard,
Communicateur Social, Journaliste,
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