Haïti débat / Journée de tension à Port-au-Prince et ses environs : La population rouspète contre la rareté de carburant et l’augmentation des prix des produits pétroliers
Un mouvement de protestation a eu lieu ce lundi 2 septembre 2019 dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince en opposition à la rareté de carburant annoncée depuis quelques jours et la montée fulgurante des prix des produits pétroliers sur le marché haïtien. Ce vent de panique s’est opéré, alors que le tout nouveau DG de la PNH a déployé un grand dispositif de sécurité dans certaines zones de non droits de la capitale, de Fontamara à La Saline, pour neutraliser les actions des bandits.
Malgré le déploiement du grand dispositif de sécurité par les autorités de la PNH dans plusieurs endroits du pays pour lutter contre le phénomène de banditisme qui paralyse la bonne marche de la vie nationale depuis quelque temps, ce lundi, Port-au-Prince et ses environs ont connu une journée difficile.
Le bruit courait depuis quelques jours que le pays allait faire face à une pénurie d’essence. C’est ce qui est arrivé ce weekend. Certaines pompes à essence se sont fermées. Ceux qui alimentaient le marché en ont profité pour écorcher les consommateurs. Subitement, le prix du galon de carburant est passé à 500 gourdes. La montée des prix des produits pétroliers a entrainé la colère des gens qui ont engagé un mouvement de protestation dans certains endroits du département de l’Ouest ce lundi 2 septembre 2019.
L’État haïtien est pris dans son propre piège. En général quand les prix des produits pétroliers augmentent sur le marché international, nos dirigeants prennent des mesures d’ajustement. Inversement, quand ils sont revus à la baisse, nos responsables ne se sont jamais arrangés pour réadapter leurs coûts.
Pour soulager la population, les autorités haïtiennes sont obligées de subventionner le carburant. Cette subvention n’est pas sans conséquence. Elle occasionne un déficit de près de 200 millions de dollar.
Le directeur de la radio Télé Scoop, Garry Pierre Paul Charles, croit qu’il est nécessaire de trouver un mécanisme pour porter les plus nantis à payer plus les produits pétroliers. Il croit aussi qu’il n’est pas nécessaire de donner aux parlementaires, qui, dit-il, sont déjà très bien traités, des fiches d’essence. Cette pratique, selon lui, doit être cessée.
La subvention du carburant, explique Présimon Jean, appauvrit et complique la situation de l’État haïtien. Le budget national est en dessous de 2 milliards de dollars. Pour financer l’essence, les responsables ont besoins de près de 500 millions de dollar. Dans cette situation, les autorités, avise-t-il, seront toujours dans l’obligation de subventionner les produits pétroliers.
Joint au téléphone au cours de la retransmission de l’émission Haïti débat de ce lundi 2 septembre 2019, le Secrétaire d’État à la communication, Eddy Jacqueson Alexis souligne la libéralisation du marché comme l’un des facteurs qui est à la base de ce problème de carburant. Avec la libéralisation du marché, nous dit-il, l’État n’a pas le monopole des produits.
Dans la foulée, il nous informe de l’arrivée de 250 mille barils de produits dans le pays depuis samedi passé. Des dispositions sont en train d’être prises pour assurer la distribution qui n’avait pas eu lieu le weekend écoulé à cause du climat d’insécurité dans le pays.
« La police travaille actuellement pour faciliter l’acheminement de l’essence dans les pompes. On vient de mettre sur pieds un couloir de sécurité pour faire la distribution », a fait savoir Monsieur Alexis, signifiant que le pays dispose de carburant et que les prix des produits ne seront pas revus à la hausse sur le marché haïtien.
Tandis que ce problème de carburant a fait souffler un vent de panique dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ce lundi, la séance de ratification de la déclaration de la politique générale et du cabinet de PM nommé Fritz William Michel est prévue pour ce mardi 3 septembre 2019 à la Chambre Basse. Les députés de la 50e législature, par ailleurs, ont rejeté d’un revers de main la proposition de leurs collègues de l’opposition qui ont demandé la reprise de la séance de mise en accusation du président de la République, Jovenel Moise. Ils dénoncent la rareté de carburant sur le marché haïtien. Ils croient que cette rareté est une rareté artificielle.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
Tél : (509) 3147-1145,
Email : lmozardo10@gmail.com