Haïti débat / Jovenel Moise et la crise : Le président est prêt à mettre son mandat sur la table, pourvu que ce soit dans l’intérêt du pays, indique Max Attys
Le problème du pays n’est pas Jovenel Moise, soutient le professeur Max Attys. Soulignant que la réalité que vit actuellement le peuple haïtien ne date pas d’aujourd’hui, l’ancien vice doyen de l’Institut d’Études et de Recherche Africaine d’Haïti (IERAH) a fait savoir que le président de la République est prêt à négocier son mandat, à condition que cela aille dans l’intérêt de la majorité.
La situation d’instabilité politique et de crise généralisée que connait le pays ces derniers temps, explique Max Attys, remonte à 1806. Ce qui veut dire que depuis après la mort du père fondateur de la nation haïtienne, Haïti est empêtré. Selon lui, les principaux coupables, ce sont les acteurs qui n’ont jamais créé un véritable État.
Le politologue a rudement critiqué la situation de l’État Haïtien depuis 1806. « L’État haïtien est un État mort-né. C’est un État qui est en lambeau depuis 1806. Il ne s’est jamais constitué. Il n’existe pas encore », a critiqué le spécialiste en science politique, tout en fustigeant la passivité des éléments d’élites haïtiennes qui ne se sont jamais engagés dans la politique active du pays.
« Depuis 1804, on ne s’est jamais constitué une élite. Haïti n’a pas d’élite. Le fait que nous n’en avons pas, tout le monde aspire à être président, ministre, sénateur, député qui sont des postes de prestige », a-t-il déploré.
Le problème du pays, affirme Max Attys, est complexe. Il est multiforme. Il ne découle pas véritablement de la constitution. La constitution, nous dit-il, date de 1987, alors que le pays patauge depuis 1806.
Les difficultés du pays ne sont pas non plus inhérentes à Jovenel Moise, ajoute le professeur. Si Jovenel Moise est chassé du pouvoir, les problèmes du pays ne seront pas résolus. Ils resteront entiers.
Il est à souligner qu’une bonne partie de la population depuis le 6 juillet 2018 entre dans un cycle infernal de mobilisation et de blocage des rues qui paralyse toutes les activités du pays. Les protestataires réclament, entre autres, le départ du chef de l’État. Les protestations sont telles que les contestataires en ont profité pour piller et vandaliser des entreprises privées de la place. Beaucoup de gens sont blessés et trouvé la mort sous les balles des agents de la PNH. La situation du pays, de jour en jour, va de mal en pis. Conscient de ces réalités, le président, insiste Max Attys, est prêt à sacrifié son mandat, mais pas dans n’importe quelle condition.
« Ce matin j’étais en compagnie du président. Il m’a dit qu’il est prêt à mettre son mandat sur la table, pourvu que ce soit dans le sens de l’intérêt du peuple. Les acteurs de l’international ne seront jamais d’accord que l’opposition investisse le pouvoir de n’importe quelle manière. La communauté internationale risque de nous imposer des dirigeants. Nous devons éviter cette honte », a-t-il martelé dans les micros de la Radio Scoop FM, lors de la retransmission de l’émission Haïti de ce mercredi 2 octobre 2019.
Comme beaucoup d’autres citoyens haïtien, Max Attys croit que le véritable problème du pays, c’est le système qui, dit-il, est essoufflé.
Selon lui, la bataille qui se fait actuellement se réalise autour du marché de la corruption. Les acteurs du système, explique-t-il, pensent que le marché de la corruption peut les échapper. Ils se battent pour le garder.
« Pour pouvoir garder le marché, il faudrait qu’on expulse Jovenel Moise du pouvoir. Les protagonistes ne se battent pas au bénéfice du pays. La population doit savoir que le jeu qui se joue actuellement ne se joue pas dans le sens de ses intérêts », prévient l’ancien vice doyen d’IERAH.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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